October 31th, 2022
Nous, orchestres et ensembles de musique, exhortons les représentants de l’Union européenne et de ses États membres à voter contre une classification du bois de pernambouc à l’Annexe I de la Convention lors de la CoP19 de la CITES au Panama.
Une telle classification entraînerait pour nous, d’une part, d’insurmontables contraintes administratives et financières – voire, dans certains cas, l’impossibilité de voyager -, mettant ainsi en péril l’organisation des tournées et master classes internationales, fondamentales au rayonnement de la culture dans le monde.
D’autre part, cela constituerait une attaque directe envers un outil de travail essentiel des musiciens à corde de nos orchestres : l’archet, patrimoine culturel mondial depuis 3 siècles. Une telle réglementation obérerait la possibilité de circuler librement, d’acquérir, de vendre et de faire restaurer les archets.
Le Pernambouc est et demeure le seul bois permettant la fabrication d’archets de qualité, essentiels à l’apprentissage et à l’exercice de notre art.
Nous rappelons que l’utilisation réglementée et durable du bois de Pernambouc (sous l’annexe II de la CITES) est une opportunité de conservation pour cette espèce.
Les archetiers du monde entier se sont réunis depuis l’an 2000 au sein de l’IPCI (Initiative Internationale pour la Conservation du Pernambouc) avec le soutien des instrumentistes à cordes et ont permis de replanter à ce jour plus de 340 000 arbres de Pernambouc. L’engagement des professionnels a également permis de mener à bien de nombreux programmes socio-culturels au Brésil et des études botaniques sur cette espèce de bois emblématique du Brésil.
A long terme, toute interdiction de l’exploitation raisonnée du Pernambouc reviendrait à signer l’arrêt de mort de l’archèterie artisanale mondiale et à annihiler l’esthétique sonore des instruments à cordes telle qu’on la connaît depuis Beethoven, Brahms et Schubert. Cela aurait même pour effet de menacer davantage cette espèce ; les archetiers faisant partie de ceux qui s’investissent le plus pour la préservation du Pernambouc, une telle interdiction reviendrait à mettre un terme aux programmes de renouvellement de l’espèce qu’ils développent depuis plus de 20 ans.
Ce sont donc des centaines de milliers de musiciens, amateurs d’art et spectateurs qui se retrouveraient punis directement et indirectement par cette prise de décision, sans que la situation du Pernambouc - arbre national du Brésil - ne soit en rien améliorée.
Nous demandons que l’Union Européenne ainsi que ses États membres prennent position contre le passage du pernambouc en Annexe I et que des solutions soient trouvées pour préserver au mieux cette espèce endémique si précieuse tout en protégeant l'avenir de la musique des instruments à cordes.